Tribune

le vendredi 9 mars 2018
Moi, moche et méchant ! Episode 29 ce week-end ?

C'est son créneau, c'est son crédo : asséner les petites phrases sentencieuses en forme d'exécution sommaire, flatter les masses à grands coups de formules populistes en se retranchant derrière un franc-parler ou un parler-vrai, selon l'adage qui voudrait que lui ose dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas : la parole décomplexée, en somme. Justifications incongrues, mauvaise foi supplémentaire, faux prétextes aux accents de sincérité qui ne sont finalement que l'expression d'une volonté de balancer tout haut des conneries et des insanités, de sortir des énormités à tour de bras et à les faire passer pour des vérités.

Car le problème est bien là :

Pierre Ménès se veut être la Vérité, la Justice aux yeux bandés, dont les jugements acérés sont implacables et sans appel - guillotine verbale infaillible. De ses doctes et savantes analyses, bien pesées et construites, on retiendra la dernière en date : « l’arbitre est un footballeur raté ». C'est bien connu, tous les arbitres sont des footballeurs ratés ; ce n'est pas en soi un argument et on ne demande pas à un arbitre un minimum de jonglages ; en bon démagogue, il s'agit avant tout de se rallier l'opinion commune et de se mettre les rieurs dans la poche.

Mais Pierre Ménès n’a ni la capacité d’analyse constructive, pointue et subtile d’un Eric Carrière, ni l’élégance relationnelle d’un Hervé Mathoux et encore moins le talent d'humoriste d'un Julien Cazarre, dont le sens de la caricature, de la dérision et de l'absurde sont souvent irrésistibles et provoquent le rire : Julien Cazarre égratigne, raille, moque, mais on rit avec lui, et bien souvent ses victimes rient de bon cœur à ses détournements.

Pierre Ménès se pose sur un autre terrain, dans un autre registre. Il rit contre. Contre tout le monde : joueurs, arbitres, entraîneurs, présidents, instances et même les champions olympiques. Chacun en prend pour son grade, chacun passe à sa moulinette, à l'aveuglette. Et personne ou presque ne trouve grâce à ses yeux. Au tribunal médiatique, il est à la fois petit procureur et petit juge qui se gorge du grand pouvoir qui lui est conféré depuis son estrade. Il est entré dans son personnage, il se met en scène et se prend au sérieux : il faut voir, en tribun, la gravité parfois avec laquelle il énonce ses sentences définitives. Pour un peu, il rendrait la Justice. Sur les plateaux télés, on lui donne toute son importance, ses avis sont attendus comme des oracles et son opinion fait autorité.

L'ennui, c'est qu'il fait mal à tous, et surtout au football. Son fonds de commerce, c'est la bêtise, la bêtise crasse, inexcusable car elle puise sans cesse dans la méchanceté et attise la haine contre cette mission de service public qu’est l’arbitrage.

Ecouter Pierre Ménès nuit à la santé mentale. Continuer à lui laisser le micro nuit gravement à l’image du diffuseur ! Donnons-lui un sifflet, il nous fera rire pour une fois !

   

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